LA CYTOMETRIE SPECTRALE



La cytométrie spectrale est une nouvelle approche de la cytométrie classique.
Là où un détecteur correspondait à une couleur, le cytomètre spectral collecte les fluorescences de petites bandes spectrales pour chacun des lasers présents dans l'appareil.
La déconvolution spectrale permet de décomposer le spectre de lumière émis par chaque cellule en chacune des composantes spectrales issue de chaque fluorochrome présent sur la cellules, quelquesoit le nombre de molécules fluorescentes (Figure 1).




Figure 1 : Pour chaque laser, le spectre est découpé en petite bandes spectrales permettant de calculer un spectre spécifique pour chaque fluorochrome analysé: à gauche découpage du spectre pour le laser bleu; à droite découpage global d'un spectre sur 5 lasers.
(Front. Mol. Biosci., DL Bonilla, G Reinin, E Chua)


Avant toute analyse par cytométrie spectrale, nous avons besoin d’extraire les spectres des fluorochromes utilisés un par un.

A cette fin, il faut analyser :

1) Des cellules totalement non marquées. L’autofluorescence des cellules est en effet considérée comme un fluorochrome. Il est donc possible d’évaluer le spectre d’autofluorescence et le soustraire aux signaux de fluorescence.

2) Tous les monomarquages individuels.  La préparation du monomarquage doit être identique à celle de l’échantillon (dissociation, lavages, perméabilisation, fixation…). En cas d’incertitude sur la présence d’un marqueur sur vos cellules (ou de manque de cellules pour les contrôles) et afin de faire l’extraction du spectre, il faut prévoir des billes qui fixent vos anticorps. Les billes doivent subir les mêmes traitements que les cellules. Il existe aussi des billes spécifiques pour les marqueurs de viabilité.

Une fois la déconvolution spectrale effectuée et l'obtention de spectres spécifiques de vos fluorochromes (Figure 2), l'analyse cytométrique peut enfin commencer de manière classique avec des paramètres réduits aux nombre de fluorochromes à analyser.



Figure 2 : Exemple de spectre calculé après déconvolution spectrale de la PE sur un cytomètre spectral 5 lasers Cytek Aurora


Cette technologie permet d'analyser de façon plus fine les fluorescences et permet par exemple de détecter dans un même tube des molécules totalement indiscernables avec la cytométrie classique. La technique permet de mesurer simultanément des fluorochromes qui présentent jusqu'à 98% de similarité (Figure 3 et 4).




Figure 3 : à gauche : Spectres de la GFP et de la YFP (indiscernable sur un cytomètre classique); au milieu : spectres de la GFP et da YFP après déconvolution spectrale sur le Cytek Aurora (74% de similarité); à droite : analyse simultanée de la GFP et de la YFP sur l'Aurora



Figure 4 : à gauche : spectres de l'APC et de l'Alexa 647 (90% de similarité); à droite : comparaison d'un double marquage APC, Alexa 647 avec le même marquage APC, PE. Les pourcentages des populations détectées sont similaires.


L'autre intérêt de la cytométrie spectrale est de pouvoir soustraire le bruit de fond des cellules analysées sur chacun des canaux mesurés permettant ainsi de détecter des fluorescences spécifiques qui seraient noyées dans le bruit de fond sur un cytomètre classique (Figure 5)


Figure 5 : Analyse du marquage spécifique mCherry au sein d'une population avec une forte 'autofluorescence'.